Dans cinq mois jour pour jour, le coup d’envoi de l’Euro 2024 sera donné à l’Allianz Arena, à Munich, opposant l’Allemagne à l’Écosse. Une occasion en or pour analyser l’effectif et la forme actuelle de chaque sélection nationale favorite à se retrouver sur le toit de l’Europe cet été.
1 – France
Sans grande surprise, les Bleus dominent tous les pronostics de ce prochain Championnat d’Europe. Didier Deschamps a su rafraîchir brillamment son effectif ces dernières années, renouvelant chaque poste clé par un joueur plus jeune, plus vif : Kanté et Pogba par Camavinga et Tchouaméni, Umtiti et Varane par Konaté et Upamecano, Lloris par Maignan.
Warren Zaïre-Emery est également en train de peu à peu s’immiscer parmi le gratin des joueurs les plus prometteurs d’Europe, guidant le milieu du PSG comme un patron d’expérience alors qu’il n’est encore âgé que de 17 ans. La France respecte ses vainqueurs du passé, mais ne demeure pas moins tournée vers l’avenir.
Après un Euro 2020 terriblement décevant pour l’équipe de France, qui perdait face à la Suisse aux tirs au but en huitième, la sélection de Deschamps a failli s’offrir une deuxième étoile d’affilée, passant à deux doigts de l’exploit contre l’Argentine de Messi. Sur les quatre dernières compétitions internationales d’envergure, les Bleus ont réussi à accéder à trois finales. Un ratio tout bonnement époustouflant.
En huit matchs de qualifications, la France a décroché sept victoires et un match nul, venant à bout des Pays-Bas sur les deux confrontations (dont une écrasante victoire 4-0 face aux Oranjes, un score difficile à gratter face à la solidité défensive de Van Dijk et cie).
Évidemment, Kylian Mbappé sera à suivre durant le championnat, lui qui peut se targuer de régulièrement revenir dans les débats du meilleur joueur du monde depuis plusieurs années, comme Antoine Griezmann, qui se réveille dangereusement au top de sa forme ces derniers mois du côté de Madrid.
2 – Angleterre
L’Angleterre se repose sur le vivier footballistique le plus riche du monde. Les talents se comptent et s’énumèrent à en donner le tournis : Bukayo Saka, Phil Foden, Declan Rice, Trent Alexander-Arnold, Jack Grealish, Marcus Rashford, Fikayo Tomori, Kyle Walker.
Les Three Lions comptent également dans leurs rangs deux des joueurs les plus en forme depuis le début de la saison 2023/24 : Harry Kane et Jude Bellingham. Le milieu de terrain, anciennement au Borussia Dortmund, réalise une entame de saison stratosphérique du côté de Los Blancos, à rappeler l’entrée en matière de Cristiano Ronaldo au Real Madrid 15 ans auparavant, tandis que Kane s’impose comme le #9 le plus régulier des derniers mois. Le buteur a marqué 22 buts en 16 matchs de championnat, et pourrait bien venir chatouiller le record du plus grand nombre de buts inscrits sur une saison de Bundesliga, établi récemment par Robert Lewandowski.
Si l’effectif de l’Angleterre est sans doute le plus fourni d’Europe, son entraîneur laisse encore à désirer. Pour beaucoup, Gareth Southgate n’est pas l’homme de la situation, et a essuyé des revers si pathétiques ces dernières années que les fans du pays en entier remettent régulièrement en question son poste. L’entraîneur a malgré tout décroché une finale au dernier Championnat d’Europe, et aurait certainement pu s’offrir la finale de la dernière Coupe du Monde si l’équipe n’avait pas croisé les Bleus durant sa course au titre.
Will it be coming home?
3 – Espagne
Tenant du titre de la dernière Ligue des nations, l’Espagne pourrait bien avoir son mot à dire dans cet Euro 2024. Décevant lors de la dernière Coupe du Monde, butant sur une équipe du Maroc qui se transformait peu à peu en bourreau de l’Europe en huitième de finale, La Roja a malgré tout réalisé un parcours exemplaire au dernier Championnat d’Europe, en s’offrant presque la finale face à une formation italienne déchaînée.
Rodri, joueur de Manchester City, s’impose comme l’un des 6 les plus talentueux de la dernière décennie, tandis que le milieu de terrain de l’Espagne peut aussi compter sur les services de Pedri, l’un des jeunes les plus prometteurs de La Liga.
Lamine Yamal est en train d’exploser tranquillement sur le côté droit du F.C. Barcelone, alors que l’Espagne compose également avec Ferran Torres, Ansu Fati et Mikel Oyarzabal sur ses couloirs offensifs. Le départ de Luis Enrique pour le PSG à l’été 2023 aurait pu laisser un grand creux pour La Roja, mais Luis de la Fuente s’en sort admirablement depuis, voguant sur la même identité qui caractérise le jeu espagnol.
Sans compter sur les noms les plus alléchants du globe, l’Espagne propose un beau mélange de jeunesse et d’expérience, et saurait se défaire d’adversaires coriaces durant la compétition.
Le tiki-taka s’annonce démentiel.
4 – Portugal
Fernando Santos n’est plus, place à… Roberto Martínez? Le Portugal s’est séparé de son entraîneur à la dernière Coupe du Monde à la suite d’un résultat, encore une fois, en deçà des hautes attentes de la fédération, et a opté pour un remplacement aussi désuet footballistiquement que son prédécesseur.
Purement au niveau de l’effectif, le Portugal présente des atouts aussi tranchants que la France et l’Angleterre : l’extraordinaire Bernardo Silva, Rúben Dias, Bruno Fernandes, Rafael Leão, João Félix, sans oublier João Cancelo, Gonçalo Ramos, Rúben Neves.
Cristiano Ronaldo, l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football, n’est plus aussi efficace qu'avant, mais du haut de ses 38 ans, le 9 a terminé deuxième au classement des meilleurs buteurs des qualifications de l’Euro, avec 10 réalisations. Simplement au niveau de la mentalité, Ronaldo pourrait avoir sa carte à jouer. Il ne suffit que de repenser à la finale de l’Euro 2016, où Cristiano Ronaldo motivait les troupes à partir du banc dans l’unique victoire du pays en Euro ou en Coupe du Monde. L’équipe est technique, rapide sur les flancs, solide défensivement.
Mais au niveau des choix tactiques, laissez le peuple douter. Martínez a prouvé son conservatisme têtu à travers un passage manqué à la tête de la Belgique, qui ne réussissait pas à venir chercher les résultats escomptés quand venait le temps des compétitions officielles. En qualifications, ça plante, ça défend bien, mais le discours n’est pas le même quand se présentent les moments importants.
L’effectif est profondément, mais profondément talentueux, mais à voir ce que le tacticien espagnol a à réserver à son équipe durant la compétition.
5 – Belgique
Les Diables Rouges sont en transition. La Belgique s’est imposée comme un cador européen du football dans la deuxième moitié des années 2010, à travers une génération tout bonnement extraordinaire, la « génération dorée ». Eden Hazard, Kevin De Bruyne, Romelu Lukaku, Thibaut Courtois, Vincent Kompany : uniquement et simplement des grands noms, le gratin du football mondial. Après une Coupe du Monde 2022 catastrophique (trois matchs pour un seul petit but marqué et une maigre victoire), la Belgique était contrainte de se renouveler en 2023.
La fédération a accueilli un nouvel entraîneur l’année dernière, qui a insufflé un vent de changement dans l’équipe. La moitié des cadres expérimentés ne font plus partie de l’effectif (Hazard, Witsel, Mertens, Alderweireld), étant remplacés par de jeunes joueurs dégageant cette rage de vaincre.
La Belgique se repose sur une attaque tranchante et vive, constituée de Jérémy Doku, qui a explosé à Manchester City cette année, Johan Bakayoko, Loïs Openda ou encore Leandro Trossard.
Son numéro 9, Romelu Lukaku, a terminé à la première place des meilleurs buteurs des qualifications, avec l’époustouflante statistique de 14 buts en huit matchs. Vivement critiqué pour sa mauvaise technique, le buteur fait taire ses détracteurs année après année en renaissant dans un club divers quand on le croyait fini, lui qui occupe la huitième place des meilleurs buteurs de l’histoire du football en sélection nationale (83 buts avec la Belgique).
Et puis, le maestro. Kevin De Bruyne pilote l’équipe depuis le milieu de terrain, le joueur qui commence peu à peu à prendre sa place dans l’imaginaire collectif parmi les Iniesta, Zidane et Pirlo de ce monde. De Bruyne, blessé durant cinq mois, est d’ailleurs revenu hier en jeu en Premier League pour renverser la rencontre contre Newcastle, avec un but et un assist en 20 minutes à la clé.
L’attaque et le milieu sont convaincants, la défense, beaucoup moins. Aucun joueur de classe mondiale dans la ligne défensive, alors que la Belgique devra probablement composer sans Thibaut Courtois, son gardien étoile, pour défendre les cages du pays.
En tant que fier Belge, il est impossible pour moi de ne pas suivre avec ardeur les rencontres que disputeront les Diables Rouges cet été, rêvant depuis mon plus jeune âge de voir ma nation enfin décrocher un titre international et s’inscrire dans la légende du football.
Tous ensemble, hier is da feestje.
Mon cheval noir : Hongrie
On le sait, l’Euro a toujours réservé de belles surprises à ses téléspectateurs. En 1992, le Danemark s’offrait un titre contre toute attente, alors que 12 ans plus tard, c’était au tour de la Grèce de battre tous les pronostics et de se retrouver sur le toit de l’Europe.
Sans imaginer forcément une « petite » équipe qui se rendrait au bout, beaucoup perçoivent la Hongrie comme un adversaire coriace pour l’Euro 2024.
Au dernier Championnat d’Europe, en 2021, le pays se retrouvait parmi la France, l’Allemagne et le Portugal dans ce qui a été communément appelé « le groupe de la mort ». Sans arriver à en sortir, la Hongrie décroche deux matchs nuls, contre les Bleus et la Mannschaft, et aurait certainement pu se rendre jusqu’en huitième de finale avec un peu de chance.
La Hongrie ne s’est pas qualifiée pour la Coupe du Monde 2022, mais est tout de même parvenue à gagner son groupe des éliminatoires pour l’Euro 2024. Les Magyarok ont également terminé à la deuxième place de leur groupe lors de la troisième édition de la Ligue des nations, devant les équipes talentueuses de l’Allemagne et l’Angleterre.
Les compétitions en 2016 et en 2021 avaient respectivement accueilli le Pays de Galles et le Danemark en demi-finales, et la prochaine édition de l’Euro pourrait réserver son autre lot de surprises.
Portée par ce que les fans de Liverpool pourraient qualifier de la renaissance de Gerrard, au nom de Dominik Szoboszlai, la Hongrie est certainement mon équipe à suivre lors de cet Euro 2024.
Après 16 éditions plus réussies les unes que les autres, chaque fanatique du ballon rond ne peut que se réjouir de découvrir ce que la prochaine compétition leur réserve.
Aucune équipe engagée dans le tournoi n’est absolument imbattable comme l’Espagne de 2010 ou l’Allemagne de 2014, récemment, avaient pu l’être, et l’Euro 2024 promet un tournoi ouvert, où chaque formation pourrait tirer son épingle du jeu et prétendre à la victoire finale.
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