Le receveur de l'Université du Connecticut Kevens Clercius verra son rêve de de joueur de football professionnel se réaliser le 30 avril prochain lorsqu'il sera repêché dans la Ligue Canadienne de Football. Originaire de Montréal-Nord, il a sa communauté tatouée sur le coeur.
« Au tout début, j’ai commencé à jouer au flag-football au primaire. En sixième année, j’aimais ça aller dans le parc où l’équipe de football des Béliers de l’école secondaire Henri-Bourassa pratiquait. J’ai demandé au coach si je pouvais pratiquer avec l’équipe pour être prêt à ma première année de secondaire et me familiariser avec les jeux. »
Clercius s'est cependant fait souhaiter la bienvenue d'une façon peu conviviale à ses débuts. « À mon premier match je me suis fait blindside » (frapper dans l’angle mort), dit-il en riant. « J’ai arrêté de jouer au foot, je suis parti de l’équipe et je n'ai rien dit. Nos premières années à Henri-Bourassa en division 3, c’était terrible. Après ça, on avait des saisons sans défaite en saison régulière.
Par la suite, Clercius s'est engagé avec les Nomades du Collège Montmorency au niveau collégial, mais n'a pris part à aucune saison avec la formation lavalloise.
« Je suis allé à un camp de football au Connecticut et j’ai reçu une bourse d’études de l’Université du Connecticut. Au Québec, on est la seule province au Canada où on doit aller au cégep, donc le raisonnement que j’ai eu, c’est “pourquoi aller au cégep si je peux emprunter un chemin plus rapide”. Je suis allé directement à UCONN, donc je suis passé du secondaire à l’Université directement. »
Mais avant de rejoindre les rangs des Huskies, Clercius a représenté le Canada aux championnats du monde à Mexico, où Équipe Canada a remporté l’or, un accomplissement qui a rempli de fierté le Montréalais.
« Un style différent »
Pour Kevens Clercius, l'arrivée aux États-Unis a été un choc. « Lorsque je suis arrivé là-bas, j’ai dû m’adapter au style de vie et au différent style de football. Le jeu est beaucoup plus rapide et le terrain est plus petit. Au début c’était difficile, mais au fil du temps c’est devenu plus facile, parce que j’ai investi beaucoup de mon temps et que j’ai mis les efforts nécessaires. »
Le receveur explique que le football est une véritable religion pour les Américains, et que cela a contribué à son développement en tant que joueur: « Aux États-Unis, le football on en mange. La compétition est plus féroce et le niveau physique est supérieur. D’avoir joué contre des demis de coin qui sont maintenant dans la NFL, je sens que ça m’a beaucoup aidé. »
La communauté à coeur
Pour Kevens Clercius, le football a eu une importance capitale dans son parcours professionnel et personnel. « Je viens de Montréal-Nord et je sais que c’est pas nécessairement connu pour les bonnes raisons. Le sport, ça m’a permis de me concentrer sur ce que je veux faire dans la vie et non sur ce que le monde fait dans la rue, les mauvaises choses. Je dirais que le football, ça représente la personne que je suis maintenant, celle qui ne s’est pas laissée influencer par l’argent et tout… »
« Maintenant, je crois que je suis un modèle les jeunes et pour ma communauté, ajoute-t-il.
« Souvent, les jeunes viennent me voir pour me demander c’est comment le football et si je peux leur planifier des entraînements pour qu’ils s’améliorent. »
Mais Clercius n'aide pas seulement les jeunes avec leur préparation physique. Il est également intervenant pour l'organisme Nos jeunes à coeur, qui a pour mission de soutenir les jeunes âgés de 10 à 24 ans issus de milieux socio-économiques défavorisés, en les aidant à développer leur potentiel tant athlétique qu’académique.
« Mon coach à Henri-Bourassa, Jude-Alain Mathieu, c’est lui qui a commencé nos jeunes à cœur. Depuis ce temps-là, je me suis toujours impliqué comme intervenant. Je trouve que c’est quelque chose de vraiment remarquable pour les jeunes. Toute l'équipe est là pour faire en sorte qu'ils puissent poursuivre leur rêves et qu'ils puissent s’en sortir grâce au sport. L’organisme veut que Montréal-Nord ait un complexe sportif pour que les jeunes puissent s’amuser et s'entraîner. »
En route vers le repêchage
Du 19 au 24 mars dernier, Clercius a participé au camp d'évaluation de la LCF, où il a obtenu d'excellents résultats dans tous les tests physiques. Son temps de 4,59 secondes au sprint sur 40 verges et son saut en longueur de 10 pieds 9 pouces 1/4 était respectivement les septième et deuxième meilleurs parmi tous les participants invités.
« Je trouve que ça s’est bien passé en général, mentionne le receveur de 6 pieds 2 pouces et 217 livres. Mon 40 verges ressemblait à ce que j’avais déjà couru auparavant. Mon saut en longueur était mon meilleur à vie. J’aurais pu faire mieux au saut en hauteur et au test des trois cônes, mais je ne suis pas déçu de ma performance ».
Selon le Québécois, les équipes qui sont sorties du lot en entrevue sont Montréal, Winnipeg, Hamilton, Toronto. « Je suis le genre de gars qui aime bloquer. À 215 livres, je suis quand même costaud pour ma position. Donc pour eux, un receveur qui aime faire la “job sale”, ça a de la valeur. Le fait que j’aie de l’expérience sur les unités spéciales et que j’aime m’impliquer sur le jeu au sol, je crois que c’est ça qui a fait en sorte que je me suis démarqué ».
Reste à voir quelle équipe sélectionnera Clercius le 30 avril prochain au repêchage de la LCF.
Comments